Aujourd’hui, J’ai visité l’étoile bleue alias la dernière maison close de Tours … Qui a fermé ses portes en 1946 (ouf l’honneur est sauf).
A l’occasion des journées du patrimoine, le bâtiment qui sert de siège à la Jeune Chambre Économique de Tours ouvre grand ses portes et accueillent les visiteurs au sein de son ancien bar ou de la chambre du curé.
Petit tour du propriétaire qui a bien changé depuis sa glorieuse époque.
L’étoile bleue de 1920 à 1946
Si la bâtisse date du XVe siècle, la décoration art-deco et l’usage du lieu remonte à 1920.
A cette époque, située dans l’ancienne rue des prêtres, l’étoile bleue était un rendez-vous incontournable pour les ouvriers qui venaient boire un verre au bar et plus si affinités avec les 8 occupantes de l’établissement.
Gérées d’une main de fer par une tenancière, les occupantes étaient nourries, logées et blanchies. Toutes majeures avec une majorité à 21 ans, celles-ci avaient une espérance de « vie » jusqu’aux alentours des 35 ans.
Pour le plaisir des clients, elles étaient régulièrement « revendues » aux 8 maisons closes de la ville afin que les habitués du lieu ne se lassent pas.
En échange de cela, elles payaient leurs impôts et avaient une visite obligatoire chez le médecin chaque semaine. Le sida n’existait pas encore, mais la syphilis était encore une maladie mortelle que l’on ne soignait pas avec un simple antibiotique.
L’activité principale de l’étoile bleue perdure jusqu’au début de la seconde guerre mondiale avant de voir son statut évolué avec l’arrivée des officiers allemands.
Sous l’occupation, la maison close monte en gamme, désormais chacune des chambres de l’étage se voit doter d’une douche pour ses occupantes comme pour les soldats allemands. Et le nouveau videur du lieu est un soldat de l’armée allemande qui note scrupuleusement chaque passage de soldat ainsi que le nom de l’occupante. Une inspection de l’engin du soldat était pratiqué à l’entrée. On ne rigolait pas avec les règles de santé publique à l’époque du Reich. Le but n’étant pas de s’occuper de la bonne santé des dames mais bien d’éviter toute épidémie dans les rangs de l’armée allemande …
A la fin de la guerre, le nouveau gouvernement français déclare, en avril 1946, les maisons closes illégales et celles ci doivent changer d’activité ou être vouées à être démolies.
L’étoile bleue se verra refusé le statut de bar de quartier et la tenancière et son mari se résoudront à louer des chambres de bonnes pour les habitants du quartier.
Après l’assassinat du mari de la tenancière et l’emménagement de l’amant de l’époque à sa place. Le lieu devient squat de sans abris.
De 1978 à nos jours
A la mort de Madame Andrée, la dernière tenancière de l’étoile bleue, en 1961. Le lieu tombera en décrépitude jusqu’à la mort de l’amant Monsieur Albert, qui mourut de la syphilis entouré de sa vingtaine de chats et de milliers de boites de ron-ron vides.
Sous les années Jean Royer, le nouveau plan d’urbanisme prévoit de raser tout le quartier pour faire place à des logements sociaux. Des étudiants de l’époque se mobiliseront pour sauver ce lieu historique. Sans projet précis, le lieu reste vacant jusqu’à l’arrivée de la Jeune Chambre Économique. Achetée pour une somme presque symbolique, le bâtiment deviendra le siège de l’association. L’histoire raconte d’ailleurs que l’association de Tours est une des rares en France à être propriétaire de son siège sociale et bien sûr la seule à avoir racheté une maison close.
Depuis la fin des années 80, la JCE récolte des fonds afin de restaurer ce lieu historique au passé sulfureux.
Seul le rez-de-chaussée est restauré puisque le premier étage à été transformé en salle de réunion de la JCE et le dernier étage est aujourd’hui occupé par de vrais locataires.
Nouveauté de la rentrée 2017, chaque dernier vendredi du mois, un cocktail musical est organisé au bar de l’étoile bleue afin d’aider au financement des restaurations des fresques et peintures d’origines.
Plus d’infos sur la page Facebook de l’étoile bleue.
Un grand merci au guide du jour qui nous a restitué l’histoire tirée du livre « Les petites bottines… Histoires des Lupanars et autres lieux de plaisirs galants en la bonne ville de Tours depuis l’origine jusqu’à nos jours »