U2 Songs of Innocence – la critique

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Le chant du cygne ?

Les fans mondiaux des 4 paddies sont aux anges, et ils ont de quoi se réjouir ! Après 5 ans de quasi-inactivité, la machine U2 se remet à nouveau en marche, à grand renfort de matraquage publicitaire (et un partenariat avec Apple qui fait polémique chez certains). Alors, plus de 35 ans après leurs débuts, a-t-on encore de quoi se réjouir ? La question se pose.

Certes, les irlandais ont atteint des sommets souvent inégalés et signé des tubes qui ont marqué au fer rouge l’histoire du rock de ces trente dernières années (Sunday Bloody Sunday, Where the streets have no name, With or without you, One, ou le plus récent Vertigo). Force est d’admettre pourtant que leur succès de ces dernières années se résume essentiellement à leurs shows en stade démesurés et à leurs prestations live mémorables, où Bono, le charismatique leader du groupe, peut exprimer toute sa démesure devant une communion quasi-biblique de fans transis.

bono et U2 en concert
La légende urbaine veut que le rédacteur de cette critique apparaisse sur cette photo juste derrière le genou de Bono 😉

Les derniers opus du groupe, eux, ont connu un accueil plutôt mitigé. Même si les ventes sont toujours honorables, la critique a souvent mis en avant une incapacité à se renouveler, et à se borner à faire de la « chanson de stade ». Le schéma est souvent le même : un ou deux titres qui surnagent parmi une dizaine d’autres plutôt insipides et peu inspirés.

Pourtant, à chaque nouvel album, Bono se veut rassurant, clamant haut et fort que le disque est le meilleur qu’ils aient jamais enregistré. Et pour une fois, à l’écoute de « Songs of Innocence », leur dernière oeuvre, on lui donnerait presque raison. S’il n’égale pas les mythiques « Joshua Tree » ou « Achtung Baby », l’album montre les musiciens sous leur meilleur jour, et renoue avec le son originel du groupe. Analyse approfondie …

Retour aux sources

Bono avait prévenu : « Cet album est sûrement le plus personnel du groupe, et se tourne vers nos souvenirs, à l’époque où nous n’étions que quatre adolescents dans Dublin ». Et c’est une véritable autobiographie que nous livre U2, sous forme de thérapie. En effet, « Songs of Innocence » nous entraîne avec délice dans les souvenirs les plus poignants (et parfois les plus sombres) de leurs auteurs.

De plus, les irlandais semblent avoir tiré la leçon de leurs erreurs passées, et ont gommé tous les tics énervants qui venaient nuire à la qualité de leurs précédents disques. Ainsi, Bono a enfin laissé de côté ses hurlements outranciers pour revenir à un chant plus dosé, poignant, et rempli d’émotion. Alors qu’il est omniprésent et domine assurément l’album, The Edge n’est pas non plus en reste. Si le guitariste avait tendance à se reposer sur ses lauriers les années précédentes, il a cette fois apporté un soin particulier à ses riffs et ses effets, et nous livre des moments anthologiques sur certains titres.

Enfin, le groupe a eu l’audace de se séparer (provisoirement ?) de leurs mentors de toujours (Brian Eno et Daniel Lanois), afin de privilégier les stars du moment : le DJ Danger Mouse (producteur de Gorillaz) et Paul Epworth (producteur d’Adèle et Paul Mc Cartney). Ainsi, ces derniers contribuent amplement à la réussite de ce nouvel opus.u2

Fantômes du passé

Le disque s’ouvre sur le premier single du groupe, « The miracle (of Joey Ramone) ». C’est d’ailleurs avec cette chanson qu’ils ont lancé avec fracas la promotion du disque lors de la dernière Keynote d’Apple. Le titre se veut un hommage au groupe punk The Ramones, même si le style musical est radicalement différent. Rien de nouveau sous le soleil, c’est du rock simpliste et fédérateur comme U2 a coutume de faire.

La première bonne surprise vient avec le second titre, « Every breaking wave », une ballade imparable. Les premières mesures ne manqueront pas de rappeler à l’auditeur le tube « With or without you », jusqu’au refrain rageur rempli d’émotion et d’intensité, qui reste immédiatement en tête. Le disque se poursuit avec l’entraînant « California (there is no end to love) », évoquant l’arrivée du groupe sur la côte ouest des Etats-Unis. Les choeurs d’intro sont directement inspirés de la chanson « Barbara Ann » des Beach Boys, que le groupe avait coutume de jouer à leurs débuts.

Un virage plus personnel est pris avec « Song for Someone », une love-song dédiée à Ali, la femme de Bono, et surtout « Iris (Hold me close) ». Ce dernier y chante alors avec force et douleur la perte de sa mère lorsqu’il était jeune adolescent. Un des sommets du disque !

It’s only rock n’ roll but I like it

Celui-ci décolle véritablement à partir de la seconde moitié. Le bassiste Adam Clayton prend alors le leaderchip sur « Volcano », un rock endiablé qui fera sûrement un bel effet en live. Puis vient le sombre « Raised by Wolves », sûrement la meilleure chanson de l’album, au son typique des débuts du groupe (période War). Bono se souvient alors de l’attentat meurtrier de l’IRA auquel il a échappé de justesse alors qu’il n’avait que 16 ans.

Le frénétique « Cedarwood road » se voit porté par un riff heavy-rock très efficace, type Achtung Baby. Il évoque la rue de Dublin dans laquelle le chanteur a passé toute son enfance. Les arrangements sont riches, et le titre gagnera encore probablement en ampleur lors des futures prestations live.

Bouquet final

Le travail de Danger Mouse vient s’illustrer particulièrement sur le titre suivant, le surprenant « Sleep like a baby tonight », aux volutes de clavier et guitares envoûtantes. Cette ballade langoureuse vient bercer l’oreille de l’auditeur avec grâce, et se démarque du son habituel du groupe.
Vient ensuite « This is where you reach me now », un hommage à la formation punk The Clash. Là encore, le style musical est très éloigné du groupe cité en référence, et se rangerait plutôt dans le répertoire de Coldplay.

Enfin, le disque se clôt magnifiquement sur « The Troubles », auquel participe la chanteuse suédoise Lykke Li. La voix de Bono est teintée d’émotion, et The Edge vient achever le tout par un solo de guitare épique. C’est le producteur Paul Epworth qui a supervisé le titre, qui n’est pas sans évoquer le Skyfall d’Adèle, et qui a été sélectionné pour la B.O. de la nouvelle saison de la série The Walking Dead.

Ce n’est que le début ?

Grâce à la possibilité de téléchargement gratuit offerte pendant un mois aux détenteurs d’iphone, l’album a été écouté par 25 millions de personnes, un chiffre qui n’aurait probablement jamais été atteint s’il avait été commercialisé par la voie dite classique (l’album précédent, No Line on the Horizon, s’était écoulé à un peu plus de 5 millions d’exemplaires).

Le groupe annonce déjà pour 2015 une tournée mondiale en salles dans un premier temps, mais qui pourrait ensuite évoluer sur une tournée en stade. Il n’est pas à douter que comme à l’accoutumée, les places s’arracheront en un temps record, alors dépêchez-vous d’acheter vos billets pour le concert.

Enfin, Bono a déclaré fièrement dans la presse à plusieurs reprises qu’un second disque, « Songs of Experience » serait déjà enregistré à 70%, et devrait sortir prochainement. Et The Edge de renchérir que les chansons présentes y seraient aussi bonnes, voire meilleures que celles de ce « Songs of Innocence ». Une information à prendre néanmoins avec des pincettes, le groupe étant coutumier de ce genre de déclarations fracassantes. Quoiqu’il en soit, d’une manière ou d’une autre, 2015 sera assurément une année U2, et c’est tout le bien qu’on leur souhaite.

–> Extrait « Every Breaking Wave » version acoustique, 24/10/14

U2 HD Every Breaking Wave ACOUSTIC par mjeanmarc

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